Un certain novembre, frissons et réminiscences

La solitude
la solitude
c'est un frisson dans le dos
la lettre que l'on attend et qui ne viendra pas
le bistrot sans chaleur où triste entre deux verres
on se cherche et ne se trouve pas
c'est le pavé humide qui transpire le froid
la chambre qu'on voudrait plus souvent habitée
par celle qui jamais sans doute n'y vivra
le coeur à ne rien faire à rester assis là
à ronger sa rancoeur à remuer ses peines

à aimer quand le sang se glace dans les veines
l'esprit qui s'engourdit qui pense sans penser
qui écrit sans rien dire
que des banalités

Octobre 70


musique des mots
parfois je me demande
si toi et moi
parfois je me demande
si tu y crois
si tu crois que je pourrais te dire
ah! si je pouvais te le dire
mais moi non plus je n'y crois pas
je n'y crois plus
j'aurais voulu
mais peut-être n'ai-je pas osé
peut-être as-tu refusé
je ne sais pas
je ne sais plus
qui de nous deux m'a le plus
déçu
j'ai dû trop te rêver
je ne t'ai pas vécu
des milliers de moments perdus
à échanger
des regards vides, des gestes usés
et j'ai fini par me lasser
aujourd'hui il faut que je chante
mon amertume
quand je pense à l'amour posthume
quand je revis notre passé
j'entends la musique irritante
de nos deux coeurs désaccordés

Novembre 70