Affiche de la Cie du Théâtre à moudre © 2012 theatreamoudre12.overblog.com |
D’accord, il y a des sujets plus préoccupants dans l’actualité. Mais le répréhensible et très indigeste “au final” qui s’y glisse régulièrement, voire quotidiennement, à la radio, à la télé, dans la presse, sur les sites d’info et autres, est un de ces tics langagiers, typiques du français facile d’aujourd’hui, qui chatouillent et agacent tout particulièrement les amoureux de la langue. Et c’est aux responsables des rédactions de se mobiliser pour que cela cesse!
Alors “au final”, disons-le, affichons-le, finalement, en fin de compte, in fine, à la fin, en définitive, en dernier ressort, en dernière analyse : non, non et non, ça suffit, enfin!
Alors “au final”, disons-le, affichons-le, finalement, en fin de compte, in fine, à la fin, en définitive, en dernier ressort, en dernière analyse : non, non et non, ça suffit, enfin!
D’abord, il faut rappeler, comme cela vient d’être fait, que le français dispose de multiples solutions lexicales équivalentes, mais correctes celles-là, adverbes ou locutions adverbiales, d’usage courant sinon ancien, aptes à remplacer avantageusement l’infâme “au final”.
Car il faut également répéter qu’il s’agit là d’une incorrection, d’une faute de français, d’une tournure impropre, d’ailleurs clairement condamnée comme telle par l’Académie française.
“On fait de l'adjectif Final”, est-il explicitement mais trop discrètement sans doute écrit sur son site < www.academie-francaise.fr/au-final >, “un substantif dans la construction Au final, grammaticalement fautive, qui se répand sans que rien ne la justifie.”
C’est un emploi fautif, insiste l’Académie, pour un substantif masculin qui n’a de sens que dans le contexte d’un opéra ou d’une symphonie - éventuellement et par extension, d’un spectacle artistique ? - dont il désigne la dernière partie, le grand final (de l’italien finale, abusivement privé de son -e). C’est donc non seulement une bêtise, mais c’est aussi un barbarisme, puisque le mot est détourné de son sens normal, ce qui est constitutif de la faute.
On pourrait logiquement le croire inspiré par l’espagnol “al final”, en fin de compte. Mais on pourrait tout aussi bien penser que la facilité, la paresse et la méconnaissance des nuances du langage et du vocabulaire l’ont tout simplement fait dériver, par assonance ou par similitude littérale, de l’expression “au total”, très proche de sens et bien française celle-là. Auquel cas nous serions en droit de craindre le pire encore à venir, avec l’irruption prochaine d’un “au global”, puis “au local”, que l’on verrait avec effroi essaimer dans la langue de bois...
On pourrait logiquement le croire inspiré par l’espagnol “al final”, en fin de compte. Mais on pourrait tout aussi bien penser que la facilité, la paresse et la méconnaissance des nuances du langage et du vocabulaire l’ont tout simplement fait dériver, par assonance ou par similitude littérale, de l’expression “au total”, très proche de sens et bien française celle-là. Auquel cas nous serions en droit de craindre le pire encore à venir, avec l’irruption prochaine d’un “au global”, puis “au local”, que l’on verrait avec effroi essaimer dans la langue de bois...
Des plateaux de télé aux pages des journaux, nos personnages publics et nos grands médias portent, en tant que praticiens référentiels de la langue commune, une lourde responsabilité dans cet estompement sidérant du bon sens, par suivisme. Lisez, regardez, écoutez : le mal est fait. Morceaux choisis dans la titraille récente. Sur Slate.fr , rubrique “Lu, vu & entendu” du 06/12/2012: “(Méta-)physique: Au final, l'univers est-il vraiment un super-ordinateur?”.
Gros titre du site suisse 20minutes.online du 20/11/2012 : “Au final, le grand gagnant c’est Nicolas Sarkozy”. Eh non! Dans Le Monde Diplomatique, une rapide recherche détecte 123 documents fautifs, les plus récents en février 2013 encore: “Au final, estime le chercheur” (Serge Halimi); “pour, au final, n’être même pas assurée”; “des méthodes au final très similaires”; “c’est au final dans les rues, l’espace public par excellence”...
Les résultats sur le site Le Monde.fr ne sont pas moins affligeants: “6000 éléments publiés "depuis 1987" avec le(s) mot(s) ou expression ""au final"" dans "tout l'article"...
Vous en voulez encore? Euh, finalement non merci, dit-il, “« fuyant l'affrontement pour au final ne rien décider » (Sylvie Pierre-Brossolette, “Hollande pour les Nuls” dans Le Point, octobre 2011, cité par Wikipedia). Wikipedia*, qui parle à ce sujet de “néologismes sournois”… (JD)
Vous en voulez encore? Euh, finalement non merci, dit-il, “« fuyant l'affrontement pour au final ne rien décider » (Sylvie Pierre-Brossolette, “Hollande pour les Nuls” dans Le Point, octobre 2011, cité par Wikipedia). Wikipedia*, qui parle à ce sujet de “néologismes sournois”… (JD)
Sur le même sujet, Didier Pourquery a publié, un an après cet appel, un excellent article dans Le Monde. Lecture recommandée!
http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/02/07/juste-un-mot-au-final_4361090_4497186.html