Le référencement ou la dictature des mots-clés…
Le #référencement – écrit avec un #hashtag c'est plus classe - ça commence à me gonfler. Vraiment.
Maintenant voilà que l'écriture journalistique aussi, après le marketing éditorial, devrait passer à la moulinette du référencement textuel. Et me voilà censément obligé de m'y mettre, si le chroniqueur en ligne que je suis veut multiplier ses chances d'être lu. Des mots-clés quand il faut, là où il faut pour, comme on dit aujourd'hui en langage franglais codé machine, « optimiser sa délivrabilité ». Soit.
En d'autres temps donc, j'aurais titré ce papier « L'anti-Pulitzer », tout court. Simple. Comme un vrai billet d'humeur. Mais j'ai sacrifié à la règle nouvelle: mettre en avant les mots qui vont attirer les moteurs de recherche. Rien que pour voir... « Si tu ne dois faire qu’une chose, soigne tes titles », comme le recommande élégamment le conseiller SEO de service (SEO, Search Engine OptimiZation, avec un Z comme Zorro).
Un expert qui, dans l'observation du contexte , ne manque pas de style. Je cite: « Oui, forcément, ça vous dérange ce stuffing de mots-clés chez votre concurrent. Ça vous rend fou ce footer de la mort chez l’autre, ça vous rend malade ces milliers de backlinks bien trop voyants et sur des supports de très mauvaise qualité »1. Surtout ne jamais oublier d'implémenter – très chic - le contexte. « N’est-ce pas appliqué depuis des lustres sur de vieux sites qui rankeraient tout aussi bien sans ?»
Allons-y, implémentons pour ranker efficace. Mais là, quand même, il va falloir que je traduise.
Donc, si je translate littéralement : « la conception-rédaction d'optimisation des moteurs de recherche est la composition de texte pour le marketing des pages en ligne, mettant l'emphase sur une manipulation adroite de la rédaction de la page pour placer celle-ci parmi les premiers résultats de la liste de recherche de l'utilisateur, tout en produisant du contenu lisible et persuasif » (Plus à propos de 'SEO copywriting sur Wikipedia)... La persuasion garantie par la manipulation assurée par le référencement, c'est pas merveilleux ça, cette belle mécanique médiatique impeccablement totalitaire?
Et on ne vous parle même pas des « bots » rédactionnels, ces nouveaux outils logiciels. Des générateurs d'articles, made in US bien sûr, basés sur de puissants algorithmes capables de détricoter textuellement un large échantillon des chroniques boursières ou sportives classiques. Pour vous en restituer ensuite toute une pendule. Sur mesure, à volonté et à la demande. En mode rédactionnel automatique et en fonction du déroulé usuel des événements. A partir de vulgaires molécules d'histoires pré-mâchées (patterned stories) : reportage d'un match de football à score nul (le compte-rendu aussi), partie d'échecs où les blancs gagnent en six coups comme Clint, une journée comme les autres chez Bloomberg, récit de faits divers similaires, etc. « Almost all that mediocre journalists can do and quite a few things that good journalists do.» : « à peu près tout ce que peuvent faire des journalistes médiocres et très peu de ce que font les bons journalistes », assure un des concepteurs du « bot » Stats Monkey.4 Jusqu'à preuve du contraire...
Certains songent déjà à faire appel à ces robots-journalistes pour commenter sur une base statistique les résultats électoraux, pendant que les journalistes de terrain collectent les données et que le rédac-chef fait de la curation. Ou pour rédiger les critiques de livres et de films comme on le faisait hier, au passe-vite, des romans de gare.
Peut-être même est-ce déjà une réalité. A ce train-là, nous serons bientôt en plein « storytelling augmenté ».
« If you want more traffic, better leads, and improved conversions,... ».
Bon, eh bien, bonne chance pour le prochain Pulitzer... (JD)
Cet article a été publié simultanément sur
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/653653-seo-copywriting-l-anti-pulitzer.html
Le #référencement – écrit avec un #hashtag c'est plus classe - ça commence à me gonfler. Vraiment.
Maintenant voilà que l'écriture journalistique aussi, après le marketing éditorial, devrait passer à la moulinette du référencement textuel. Et me voilà censément obligé de m'y mettre, si le chroniqueur en ligne que je suis veut multiplier ses chances d'être lu. Des mots-clés quand il faut, là où il faut pour, comme on dit aujourd'hui en langage franglais codé machine, « optimiser sa délivrabilité ». Soit.
En d'autres temps donc, j'aurais titré ce papier « L'anti-Pulitzer », tout court. Simple. Comme un vrai billet d'humeur. Mais j'ai sacrifié à la règle nouvelle: mettre en avant les mots qui vont attirer les moteurs de recherche. Rien que pour voir... « Si tu ne dois faire qu’une chose, soigne tes titles », comme le recommande élégamment le conseiller SEO de service (SEO, Search Engine OptimiZation, avec un Z comme Zorro).
Un expert qui, dans l'observation du contexte , ne manque pas de style. Je cite: « Oui, forcément, ça vous dérange ce stuffing de mots-clés chez votre concurrent. Ça vous rend fou ce footer de la mort chez l’autre, ça vous rend malade ces milliers de backlinks bien trop voyants et sur des supports de très mauvaise qualité »1. Surtout ne jamais oublier d'implémenter – très chic - le contexte. « N’est-ce pas appliqué depuis des lustres sur de vieux sites qui rankeraient tout aussi bien sans ?»
Allons-y, implémentons pour ranker efficace. Mais là, quand même, il va falloir que je traduise.
Search engine
optimization (SEO) copywriting is textual composition
for web
page marketing
that emphasizes skillful manipulation of the page's wording to place
it among the first results of a user's search list, while still
producing readable and persuasive content. 3
More on 'SEO copywriting' at Wikipedia »
More on 'SEO copywriting' at Wikipedia »
Donc, si je translate littéralement : « la conception-rédaction d'optimisation des moteurs de recherche est la composition de texte pour le marketing des pages en ligne, mettant l'emphase sur une manipulation adroite de la rédaction de la page pour placer celle-ci parmi les premiers résultats de la liste de recherche de l'utilisateur, tout en produisant du contenu lisible et persuasif » (Plus à propos de 'SEO copywriting sur Wikipedia)... La persuasion garantie par la manipulation assurée par le référencement, c'est pas merveilleux ça, cette belle mécanique médiatique impeccablement totalitaire?
Et on ne vous parle même pas des « bots » rédactionnels, ces nouveaux outils logiciels. Des générateurs d'articles, made in US bien sûr, basés sur de puissants algorithmes capables de détricoter textuellement un large échantillon des chroniques boursières ou sportives classiques. Pour vous en restituer ensuite toute une pendule. Sur mesure, à volonté et à la demande. En mode rédactionnel automatique et en fonction du déroulé usuel des événements. A partir de vulgaires molécules d'histoires pré-mâchées (patterned stories) : reportage d'un match de football à score nul (le compte-rendu aussi), partie d'échecs où les blancs gagnent en six coups comme Clint, une journée comme les autres chez Bloomberg, récit de faits divers similaires, etc. « Almost all that mediocre journalists can do and quite a few things that good journalists do.» : « à peu près tout ce que peuvent faire des journalistes médiocres et très peu de ce que font les bons journalistes », assure un des concepteurs du « bot » Stats Monkey.4 Jusqu'à preuve du contraire...
Certains songent déjà à faire appel à ces robots-journalistes pour commenter sur une base statistique les résultats électoraux, pendant que les journalistes de terrain collectent les données et que le rédac-chef fait de la curation. Ou pour rédiger les critiques de livres et de films comme on le faisait hier, au passe-vite, des romans de gare.
Peut-être même est-ce déjà une réalité. A ce train-là, nous serons bientôt en plein « storytelling augmenté ».
« If you want more traffic, better leads, and improved conversions,... ».
Bon, eh bien, bonne chance pour le prochain Pulitzer... (JD)
Cet article a été publié simultanément sur
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/653653-seo-copywriting-l-anti-pulitzer.html
2
Désolé, c'est le « title » (à prononcer taï-tel), bilingue, tel quel,
de l'abstract de LinkedIn à propos du SEO copywriting...