« Fortissimi sunt Belgae », disait déjà César. Traduction libre: ils sont vachement forts, les Belges! Non contents d'avoir inventé la dynamo, la voiture électrique, le brassage de la gueuze, la fusée Atlas, le saxophone, le Perdolan, le Big bang, les structures dissipatives, la bakélite, le patin à roulettes, le passe-vite, la cuisinière Nestor Martin, la machine de Marly, l'ascenseur à bateaux, la pipe René Magritte, l'atomium femelle, le Benelux, l'Internationale (bande-son), et j'en passe - Le chocolat belge? Même pas! -, les Belges ont aussi donné à la culture mondiale un vocable unique, magnifique.
Ce contenant sémantique universel ciselé par l'usage, étincelant de simplicité espérantine quoiqu'à l'image d'un pays extrêmement complexe; le seul mot mêmement présent et orthographié dans le dictionnaire français Hachette, le Wiktionnaire en ligne et tous les lexiques borduro-syldaves autorisés par la Fondation Moulinsart: brol nm Belgique, fam. Désordre, fouillis.
Nom probablement et improprement traduit, dans l'esprit de certains linguistes approximatifs, par la périphrase usine à gaz, besogneuse circonlocution qui ne recouvre que très imparfaitement une vaste réalité polysémique. Et qui, de plus, ne rend guère justice aux brillants ingénieurs belgicains, stratèges ferroviaires, fins négociateurs et autres politologues indigènes – évitons de les dire nationaux – pour qui construire des usines à gaz a de tous temps relevé de la pratique quotidienne, de l'exercice de modern-style, de l'ABC de la belgitude...
Au contraire, l'art du brol, il convient de le préciser en ces temps d'inventaires annuels de tous ordres, y compris des forces politiques en présence (et surtout en absence) pour constituer à sept, huit ou neuf, quel boeuf!, une majorité incapable de gouverner comme de jouer au couillon (couyon en langue vernaculaire des tribus du Sud)-, l'art du brol donc consiste donc avant tout en un formidable exercice d'équilibre paradoxal entre ordre et désordre, entropie et un-en-trop. Une extraordinaire capacité nationale à mettre de la complexité dans la simplicité, à accumuler le boxon dans la maison, à déstructurer l'organisé et à organiser le déstructuré,bref à se mettre soi-même perpétuellement en boîte. Littéralement et toutes langues confondues, comme le montre bien la surréaliste mais authentique illustration ci-contre, puissante allégorie des relations nord-sud interbelges.
Autre exemple lexical, donné par le Wiktionnaire*: Il y a un brol monstre dans sa chambre. Fine allusion diplomatique internationale, bien sûr, à l'état récurrent de délabrement phénoménal, fédéral même, de la Chambre des députés du Royaume de Belgique après toute période d'élections législatives anticipées anticipant elles-mêmes sur la probabilité non négociable de négociations pré-négociatoires à des élections négociées. (Ce qui s'appelle chambrer le peuple.)
Par extension, la chambre en question désigne aussi, au pays souriant du Prince Riri et des vieux bédéphiles, l'espace de jeu politiquement restreint du petit Albert Félix Humbert Théodore Christian Eugène Marie, 77 ans bientôt comme tout bon lecteur de Tintin gagné par l'âge. Ce qui peut expliquer pourquoi il garde la chambre mais n'a plus (s'il l'a jamais eu) le « courage politique » de – encore une expression consacrée par l'usage - mettre de l'ordre dans son brol.
Royal brol que celui-là, invraisemblable capharnaüm où se pêlent-mêlent, sous les lambris, les ors et les chatons (de Geluck), exemplaires poussiéreux de la Constitution et des statuts de la Générale (de Belgick), vieux bijoux de la Couronne et contes de la Reine en dix tomes (de Savoie), collection illustrée de Premiers-ministres.be (avec l'album Historia complet des huit dernières coalitions gouvernementales photographiées en majesté avec Sire), collectors divers (dernières faïences de Royal Boch, moches motos boches, sous-bocks de bières belges...). Sans oublier une statue équestre du dernier Grand Maréchal de la Cour avec son masque de Barth Vader, empaillé et porteur d'une cible avec fléchettes, dite en volapük d'ici vogelpick (au nord) ou vos gueules, je pique! (au sud), pour le tirage au sort des prochains formateurs, négociateurs, médiateurs, concertateurs, explorateurs et autres chipoteurs mécanos éventuellement commis par le Roi à l'entretien dudit Grand Brol.
Un Grand Brol qui ne peut désormais qu'augmenter inéluctablement de jour en jour (le nombre-record de jours d'enflure a d'ores et déjà explosé!), par l'effet conjugué de la dynamique des fluides incontrôlés – deux inondations par an au moins et autant de déraillements autoroutiers majeurs -, de la loi d'incompétence universelle des partis au pouvoir et de l'absence coupable prolongée d'un gouvernement de salut public issu de la société civile et non, pour l'heure, des partis et partis-pris.
Heureusement pouvons-nous du moins déjà, grâce à cela, proposer un nom pour le pays qui sortira, bien meurtri, de ce gigantesque foutoir: le #Broland!
*fr.wiktionary.org/wiki/brol
Et pour ceux qui préfèrent en rire en images: http://folifolio.blogspot.com/
Ce contenant sémantique universel ciselé par l'usage, étincelant de simplicité espérantine quoiqu'à l'image d'un pays extrêmement complexe; le seul mot mêmement présent et orthographié dans le dictionnaire français Hachette, le Wiktionnaire en ligne et tous les lexiques borduro-syldaves autorisés par la Fondation Moulinsart: brol nm Belgique, fam. Désordre, fouillis.
Nom probablement et improprement traduit, dans l'esprit de certains linguistes approximatifs, par la périphrase usine à gaz, besogneuse circonlocution qui ne recouvre que très imparfaitement une vaste réalité polysémique. Et qui, de plus, ne rend guère justice aux brillants ingénieurs belgicains, stratèges ferroviaires, fins négociateurs et autres politologues indigènes – évitons de les dire nationaux – pour qui construire des usines à gaz a de tous temps relevé de la pratique quotidienne, de l'exercice de modern-style, de l'ABC de la belgitude...
Au contraire, l'art du brol, il convient de le préciser en ces temps d'inventaires annuels de tous ordres, y compris des forces politiques en présence (et surtout en absence) pour constituer à sept, huit ou neuf, quel boeuf!, une majorité incapable de gouverner comme de jouer au couillon (couyon en langue vernaculaire des tribus du Sud)-, l'art du brol donc consiste donc avant tout en un formidable exercice d'équilibre paradoxal entre ordre et désordre, entropie et un-en-trop. Une extraordinaire capacité nationale à mettre de la complexité dans la simplicité, à accumuler le boxon dans la maison, à déstructurer l'organisé et à organiser le déstructuré,bref à se mettre soi-même perpétuellement en boîte. Littéralement et toutes langues confondues, comme le montre bien la surréaliste mais authentique illustration ci-contre, puissante allégorie des relations nord-sud interbelges.
Autre exemple lexical, donné par le Wiktionnaire*: Il y a un brol monstre dans sa chambre. Fine allusion diplomatique internationale, bien sûr, à l'état récurrent de délabrement phénoménal, fédéral même, de la Chambre des députés du Royaume de Belgique après toute période d'élections législatives anticipées anticipant elles-mêmes sur la probabilité non négociable de négociations pré-négociatoires à des élections négociées. (Ce qui s'appelle chambrer le peuple.)
Par extension, la chambre en question désigne aussi, au pays souriant du Prince Riri et des vieux bédéphiles, l'espace de jeu politiquement restreint du petit Albert Félix Humbert Théodore Christian Eugène Marie, 77 ans bientôt comme tout bon lecteur de Tintin gagné par l'âge. Ce qui peut expliquer pourquoi il garde la chambre mais n'a plus (s'il l'a jamais eu) le « courage politique » de – encore une expression consacrée par l'usage - mettre de l'ordre dans son brol.
Royal brol que celui-là, invraisemblable capharnaüm où se pêlent-mêlent, sous les lambris, les ors et les chatons (de Geluck), exemplaires poussiéreux de la Constitution et des statuts de la Générale (de Belgick), vieux bijoux de la Couronne et contes de la Reine en dix tomes (de Savoie), collection illustrée de Premiers-ministres.be (avec l'album Historia complet des huit dernières coalitions gouvernementales photographiées en majesté avec Sire), collectors divers (dernières faïences de Royal Boch, moches motos boches, sous-bocks de bières belges...). Sans oublier une statue équestre du dernier Grand Maréchal de la Cour avec son masque de Barth Vader, empaillé et porteur d'une cible avec fléchettes, dite en volapük d'ici vogelpick (au nord) ou vos gueules, je pique! (au sud), pour le tirage au sort des prochains formateurs, négociateurs, médiateurs, concertateurs, explorateurs et autres chipoteurs mécanos éventuellement commis par le Roi à l'entretien dudit Grand Brol.
Un Grand Brol qui ne peut désormais qu'augmenter inéluctablement de jour en jour (le nombre-record de jours d'enflure a d'ores et déjà explosé!), par l'effet conjugué de la dynamique des fluides incontrôlés – deux inondations par an au moins et autant de déraillements autoroutiers majeurs -, de la loi d'incompétence universelle des partis au pouvoir et de l'absence coupable prolongée d'un gouvernement de salut public issu de la société civile et non, pour l'heure, des partis et partis-pris.
Heureusement pouvons-nous du moins déjà, grâce à cela, proposer un nom pour le pays qui sortira, bien meurtri, de ce gigantesque foutoir: le #Broland!
*fr.wiktionary.org/wiki/brol
Et pour ceux qui préfèrent en rire en images: http://folifolio.blogspot.com/