#NoGov ou le degré zéro de la mauvaise gouvernance

#NoGov illustré sur Twitter...
(capture d'écran du 25/10/2010)
NoGov, pour ceux qui l'ignoreraient encore, c'est un hashtag (#), une référence raccourcie, un mot-clé, parmi les plus usités actuellement au sein du petit monde des tweetos belges qui discutent de politique sur le réseau social Twitter. NoGov, traduisez « no government », toujours pas de gouvernement fédéral après, comme le rappelle un compteur sur mon blog et beaucoup d'autres, plus de 180 jours de négociations, tergiversations, palinodies, voire suspensions desdites négociations consécutives aux dernières élections. Et on voudrait nous faire accroire que retourner aux urnes serait la solution!

« Revoter, je vote contre! », tel est donc, lancé aussi sur Twitter, le mot d'ordre – ne disons pas 'slogan', quoiqu'en l'occurrence ce soit vraiment un cri de guerre, une guerre à la bêtise criminelle que serait un nouveau, dispendieux et bien inutile tour de scrutin. Errare humanum est, perseverare diabolicum. Pas besoin de traduction pour comprendre combien il serait vain de persévérer dans une voie sans issue telle que la perspective de revoter. Fallacieusement présentée, pourtant, comme seul terme alternatif à l'improbable aboutissement des négociations en cours (de suspension, pour l'heure, mais personne ne songerait cette fois à en blâmer le conciliateur, touché par un drame personnel).Voter une seconde fois sur le plan fédéral amènerait soit un statu-quo définitivement paralysant pour notre démocratie belgicaine, soit une nouvelle donne en faveur de certains, qui non seulement obligerait à revoir la distribution des mandats parlementaires déjà si difficile à clarifier auparavant, mais ne ferait que prolonger et compliquer davantage le jeu politique des négociations.

Non, nous ne sommes pas tenus à cette erreur invincible, nous ne sommes pas forcément condamnés à cette double-contrainte insupportable: négocier et aboutir pour ne pas avoir à revoter, ou ne pas aboutir et dès lors revoter pour ensuite renégocier, ne pas aboutir, et ainsi de suite...
Non, nous n'y sommes pas tenus, pas plus que de confier nécessairement la solution au moins momentanée du problème aux seuls partis, qui en sont sinon la cause, en tout cas les acteurs. Du moins quand ils s'avèrent incapables de s'entendre durant un « momentum » interminable...
Réfléchissons. Rien dans la Constitution n'impose d'en passer systématiquement par les partis, qui ne sont que des lobbies reconnus, des groupes plus ou moins puissants d'individus, des associations politiques de fait. Seuls comptent pour la Loi les élues et les élus de la Nation, qu'ils représentent intuitu personae. Car c'est à titre personnel, chacune et chacun en son nom, qu'ils s'engagent devant le peuple belge et son Roi. Ainsi donc, si le Roi a la confiance d'une majorité de ces parlementaires, celui-ci est en mesure d'agir et d'aider lui-même le pays à sortir de la crise. Comment cela?
N'oublions pas que « le Conseil des ministres trouve son origine dans les usages et les traditions et ne figure pas dans la Constitution » (cf Premier.be, site web officiel du Premier ministre de Belgique). N'oublions pas que, pendant près de 90 ans, le Premier ministre était avant tout le « Chef du Cabinet » du Roi, un conseil présidé longtemps par le Roi lui-même. Lequel en a d'ailleurs gardé le droit, même si celui-ci n'a plus été que très rarement exercé, en raison de la nature de plus en plus complexe des affaires gouvernementales.
Il apparaît aujourd'hui que débattre du cadre fédéral de celles-ci est devenu encore plus complexe et demandera de plus en plus de temps, que ce soit sur les plans institutionnel, communautaire, social ou, plus prosaïquement, fiscal. Or la vraie urgence est d'un tout autre ordre: elle est économique. E-co-no-mi-que.
« No gov is bad gov! »: l'économie belge est encore solide mais a d'urgence besoin de crédibilité et de stabilité gouvernementales, clament les experts internationaux. « Un gouvernement svp! » demande poliment le Gouverneur de la Banque nationale, qui voit filer les comptes et revenir l'inflation...
En ces jours extrêmement difficiles pour notre petit royaume, pourquoi son souverain ne pourrait-il pas lui aussi faire preuve de courage en confiant la création d'un gouvernement transitoire de salut public, de plein exercice mais de durée limitée, à un Premier-Chef du Cabinet issu non des partis traditionnels mais de la société civile? Par exemple un économiste internationalement reconnu, expert académique ou issu du monde économique, qui rassurerait les marchés financiers en gérant bien le pays... aussi longtemps que les politiques n'en ont pas fini de discuter refinancement et BHV? 
« NoGov », aurait dit notre ex-Premier Martens, « ça suffit! »

N.B. Vande Lanotte reprend son travail lundi 13 en rencontrant un expert fiscal... Tiens donc! (JD)