lepetitpeupled'utopie©jackydegueldre032004
Soirée d'élections fédérales surréalistes dans mon pays qui ne l'est pas moins: à la télévision flamande, un populiste flamand qui a tout perdu, assis à côté du nationaliste flamand qui a tout gagné, suggère subtilement qu'un premier ministre wallon francophone (socialiste de surcroît) serait le bienvenu, d'autant que sa vanité naturelle le pousserait à faire plein de concessions aux Flamands vainqueurs!
Eloge de la folie... Je crois le moment venu, aurait sans doute dit Erasme à son ami Thomas More, d'aller faire un petit tour dans votre pays d'Utopie.
« Deux rapports possibles donc, » disait l'écrivain Michel Le Bris (ancien directeur de La Cause du Peuple), « à l'Utopie: ou bien l'on en veut faire article de dogme, définition rationnelle s'imposant à tous du meilleur des mondes, ou bien on la vit comme fictions, foisonnement de rêves, de révoltes, créations de nouveaux mondes, projection vers l'ailleurs pour briser continûment la gangue du présent: nos fictions, en somme, notre puissance créatrice, l'élan de nos révoltes contre les prétentions des dogmatismes (...) L'utopie, toujours nécessaire, n'en déplaise aux maîtres penseurs. »
Pour ma part donc, voici mon programme, rédigé il y a quatre ans déjà. Le moment semble venu de s'y mettre...
Je vais réveiller le petit peuple d'Utopie. Sortir de son chapeau le promeneur de préjugés. Faire grimper à son réverbère flexible l'allumeur de demi-lune. Réembaucher l'inspecteur des Rêves & Réalités. Dire à l'attrapeuse d'objections de tendre ses filets. Laisser planer le doute du Grand Lévitateur en chambre. Placer la barre très haut pour le redresseur de torts. Lâcher en plein ciel le patineur sur nuages. Et tenir l'échelle pour le ramoneur d'idées noires. Demander l'avenir à la marchande de quatre-saisons. Promener dans les salons le montreur de certitudes. Ou rajouter quelques coussins pour l'avaleur de couleuvres. Faire donner du canon à l'amorceur de phantasmes. Et commander une grande tournée au serveur de dogmes. Sans oublier d'avoir une pensée émue pour le panseur de rondins...
Et j'en ferai, peut-être, une pièce, une pièce absurde et drôle, tragique et gaie, que je dédierai à Bertolt Brecht avec un zeste de distanciation dialectique. Et qui ne s'appellera donc pas l'Opéra de quat'sous. Surtout si elle reste à l'état d'utopie... (JD,030406/130610)