L'important est d'être "contre".
Un brûlot de Jean Dubuffet (1901-1985), peintre, sculpteur, créateur prolifique d'une oeuvre protéiforme, penseur de l'art brut, éternel remetteur en question. Sacré bonhomme.
Il serait temps maintenant de fonder des instituts de déculturation, sortes de gymnases nihilistes, où serait délivré, par des moniteurs spécialement lucides, un enseignement de déconditionnement et de démystification étendu sur plusieurs années, de manière à doter la nation d'un corps de négateurs solidement entraînés qui maintienne vivante, au moins en de petits cercles isolés et exceptionnels, au milieu du grand déferlement général d'accord culturel, la protestation.
On prétend que les rois de naguère toléraient auprès d'eux un personnage qualifié de fou qui riait de toutes les institutions; on dit aussi que les cortèges triomphaux des grands vainqueurs romains comportaient un personnage dont la fonction était d'injurier le triomphateur.
Notre société d'aujourd'hui qu'on dit si sûre de sa ferme assise sur sa culture et en mesure de récupérer au profit de celle-ci toute espèce de subversion, pourrait donc bien tolérer ces gymnases et ce corps de spécialistes, et même, qui sait ?, subvenir à leur entretien. Peut-être qu'elle récupérerait aussi cette totale contestation. Ce n'est pas sûr. C'est à essayer.
On enseignerait dans ces collèges à mettre en question toutes les idées reçues, toutes les valeurs révérées; on y dénoncerait tous les mécanismes de notre pensée où le conditionnement culturel intervient sans que nous y prenions garde, on nettoierait ainsi la machinerie de l'esprit jusqu'à son décapage intégral. On viderait les têtes de tout le fatras qui les encombre; on développerait méthodiquement et par des exercices appropriés, la vivifiante faculté d'OUBLI(...).
J. D., cité par Bercoff, Devil, Salomon, Tout, Le livre des possibilités,
Paris, Ed. Robert Laffont, 1975.
______
"Ensuite je deviens un artiste.
Et puis j’expose au Salon.
Et puis on m’enterre au Panthéon
Et puis on vend mes dessins 10 millions
Et puis je suis célèbre pour toute l’éternité"
Jean Dubuffet
Un brûlot de Jean Dubuffet (1901-1985), peintre, sculpteur, créateur prolifique d'une oeuvre protéiforme, penseur de l'art brut, éternel remetteur en question. Sacré bonhomme.
Il serait temps maintenant de fonder des instituts de déculturation, sortes de gymnases nihilistes, où serait délivré, par des moniteurs spécialement lucides, un enseignement de déconditionnement et de démystification étendu sur plusieurs années, de manière à doter la nation d'un corps de négateurs solidement entraînés qui maintienne vivante, au moins en de petits cercles isolés et exceptionnels, au milieu du grand déferlement général d'accord culturel, la protestation.
On prétend que les rois de naguère toléraient auprès d'eux un personnage qualifié de fou qui riait de toutes les institutions; on dit aussi que les cortèges triomphaux des grands vainqueurs romains comportaient un personnage dont la fonction était d'injurier le triomphateur.
Notre société d'aujourd'hui qu'on dit si sûre de sa ferme assise sur sa culture et en mesure de récupérer au profit de celle-ci toute espèce de subversion, pourrait donc bien tolérer ces gymnases et ce corps de spécialistes, et même, qui sait ?, subvenir à leur entretien. Peut-être qu'elle récupérerait aussi cette totale contestation. Ce n'est pas sûr. C'est à essayer.
On enseignerait dans ces collèges à mettre en question toutes les idées reçues, toutes les valeurs révérées; on y dénoncerait tous les mécanismes de notre pensée où le conditionnement culturel intervient sans que nous y prenions garde, on nettoierait ainsi la machinerie de l'esprit jusqu'à son décapage intégral. On viderait les têtes de tout le fatras qui les encombre; on développerait méthodiquement et par des exercices appropriés, la vivifiante faculté d'OUBLI(...).
J. D., cité par Bercoff, Devil, Salomon, Tout, Le livre des possibilités,
Paris, Ed. Robert Laffont, 1975.
______
"Ensuite je deviens un artiste.
Et puis j’expose au Salon.
Et puis on m’enterre au Panthéon
Et puis on vend mes dessins 10 millions
Et puis je suis célèbre pour toute l’éternité"
Jean Dubuffet