Alexandrin, nom d'emprunt pour un ami cher avec lequel je suivais hier et en public "l'Emission politique" de France 2 consacrée à Jean-Luc Mélenchon, m'a fait parvenir un commentaire critique adressé par lui à la chaîne au lendemain de la première de cette émission. Il y pointait avec regret, fort justement, la faible qualité des interventions journalistiques.
Je le cite. "Ne responsabilisons pas l’invité, quel qu’il soit, mais plutôt les chaînes avec leur service politique affaibli par l'absence d'un journalisme de qualité dont nous étions, auparavant, habitués. En effet, nous avions des talents capables d'obtenir des politiques l'essentiel de ce que l'on attend d'eux : de la clarté dans leurs discours. L' intelligence de l'invité se révèle grâce à celle de l'intervieweur. Qui étaient-ils ces journalistes d'antan, qui sont-ils aujourd'hui ?"
Alexandrin n'a pas reçu de réponse à sa plainte et n'en attendait pas. Faut-il seulement s'en étonner?
La ligne éditoriale même d’une chaîne de grande écoute, ou plutôt sa ligne marketing, dans un contexte de concurrence féroce, lui impose de couvrir ses combattants de première ligne. Parce que c’est cela dont il s’agit désormais: ces supposés journalistes chroniqueurs d’antenne sont devenus par la force des choses, davantage que des analystes avisés donc posés (sur un plateau), des gladiateurs de l’information. Des rétiaires agressifs dont la mission, à peine voilée sous un sourire carnassier de façade, est de jeter sans complaisance leurs lourds filets sur l’invité, valeureux mirmillon légèrement armé de sa courte épée gauloise et de son programme-bouclier.
Choisi(e)s pour leurs belles ou grandes gueules de bestiaires (ceux qui, dans l’arène, affrontaient les grands fauves), voire d’amazones (Salamé décochant ses flèches dans le vide), ils ont pour fonction d’assurer en direct le spectacle vivant et saignant de l’information, à fond de train, sans temps morts - ”la fin de l’émission approche” -, sans (trop de) réflexion.
C’est pourquoi ils n’attendent pas, ou à peine, les réponses aux questions creuses formulées, amorcent et désamorcent aussi sec les pétards mouillés, coupent sans cesse la parole à l’intervenant interdit. Ce qui les rend parfaitement insupportables mais c’est le prix à payer pour leur célébrité - tout plutôt que de passer pour un vulgaire panéliste comme les proies qu’ils jettent en pâture au spartacus d’un soir, s’accordant lâchement un petit répit. Car tandis que le lion combat, les hyènes l’observent, prêtes à récupérer les morceaux. Des hyènes affolées à l’idée d’être abattues hors-champ, si l’audimat impitoyable de la vox populi décidait un patron impératif à pointer le pouce vers le bas.
Bellum, panem et circenses. Ce n’est plus la ligne éditoriale, c’est la ligne gladiatoriale de l’info.
Je le cite. "Ne responsabilisons pas l’invité, quel qu’il soit, mais plutôt les chaînes avec leur service politique affaibli par l'absence d'un journalisme de qualité dont nous étions, auparavant, habitués. En effet, nous avions des talents capables d'obtenir des politiques l'essentiel de ce que l'on attend d'eux : de la clarté dans leurs discours. L' intelligence de l'invité se révèle grâce à celle de l'intervieweur. Qui étaient-ils ces journalistes d'antan, qui sont-ils aujourd'hui ?"
Alexandrin n'a pas reçu de réponse à sa plainte et n'en attendait pas. Faut-il seulement s'en étonner?
La ligne éditoriale même d’une chaîne de grande écoute, ou plutôt sa ligne marketing, dans un contexte de concurrence féroce, lui impose de couvrir ses combattants de première ligne. Parce que c’est cela dont il s’agit désormais: ces supposés journalistes chroniqueurs d’antenne sont devenus par la force des choses, davantage que des analystes avisés donc posés (sur un plateau), des gladiateurs de l’information. Des rétiaires agressifs dont la mission, à peine voilée sous un sourire carnassier de façade, est de jeter sans complaisance leurs lourds filets sur l’invité, valeureux mirmillon légèrement armé de sa courte épée gauloise et de son programme-bouclier.
Choisi(e)s pour leurs belles ou grandes gueules de bestiaires (ceux qui, dans l’arène, affrontaient les grands fauves), voire d’amazones (Salamé décochant ses flèches dans le vide), ils ont pour fonction d’assurer en direct le spectacle vivant et saignant de l’information, à fond de train, sans temps morts - ”la fin de l’émission approche” -, sans (trop de) réflexion.
C’est pourquoi ils n’attendent pas, ou à peine, les réponses aux questions creuses formulées, amorcent et désamorcent aussi sec les pétards mouillés, coupent sans cesse la parole à l’intervenant interdit. Ce qui les rend parfaitement insupportables mais c’est le prix à payer pour leur célébrité - tout plutôt que de passer pour un vulgaire panéliste comme les proies qu’ils jettent en pâture au spartacus d’un soir, s’accordant lâchement un petit répit. Car tandis que le lion combat, les hyènes l’observent, prêtes à récupérer les morceaux. Des hyènes affolées à l’idée d’être abattues hors-champ, si l’audimat impitoyable de la vox populi décidait un patron impératif à pointer le pouce vers le bas.
Bellum, panem et circenses. Ce n’est plus la ligne éditoriale, c’est la ligne gladiatoriale de l’info.