Politique: pourquoi le mouvement fait bouger et libère, quand le parti fige…

La création d'un mouvement citoyen est de l'ordre du temps long et du brassage lent des idées, des êtres et de leurs complicités intellectuelles, de l'horizontalité collective des relais sociaux, du contre-pouvoir comme moyen d'intervention.
A l'inverse, la création d'un parti est toujours de l'ordre du temps court, des urgences décisionnelles et des brèves échéances électorales, de la verticalité hiérarchique des structures de commandement et de gouvernance, de la conquête du pouvoir comme finalité.
La coexistence,voire la connivence, de l'un et l'autre ne se justifie qu'à moyen terme d'action politique, dans un système démocratique hybride - comme la constitution française actuelle - qui a consacré, figé et institutionnalisé le rôle représentatif intermédiaire des partis entre le peuple souverain et les organes de députation (parlement) et de gestion (exécutif) où les élus de celui-ci sont censés exercer en son nom les pouvoirs. 
Ailleurs, dans le système représentatif belge par exemple, rien n'impose constitutionnellement le maintien du modèle caduc et stérile qu'est la particratie en tant que vecteur démocratique - démagogique serait ici le qualificatif le plus approprié, car tout le fonctionnement partisan usuel repose sur l'agir directif, le gouvernement, la conduite (-agein, agaugos) du troupeau, du peuple (démos) par quelques-uns qui ont su "capter sa faveur". 
Des "démarques" (démos-arquos),  pourrait-on dire ironiquement en jouant sur les mots, pour parler comme à Athènes jadis de ces nouveaux "tribuns du peuple", qui ont bel et bien dévoyé vers une démagogie de facto la belle utopie qu'est et reste la démocratie directe...