L'événement, un média jeune? Evidemment non!


L’événementiel, une discipline nouvelle? Pas vraiment. Souvenons-nous des jeux du cirque. 
Selon Salluste, les Romains s’en remettaient à une divinité nommée Bonus Eventus. 

Et “Bon vent”,Vendée Globe!

 La stratégie événementielle, Cicéron l’avait déjà définie:
“maximam admirationem movere”: créer la surprise, faire événement...


Peut-on jamais prétendre, parce que l’on maîtrise l’une ou l’autre technique événementielle, y compris celles de l’événement 2.0 sur les réseaux sociaux, connaître la véritable dimension de l'événement, par nature imprévisible, donc échappant à la fois à la connaissance parfaite et au contrôle total? Même après trente ans de pratique j'en doute.  
Et si "les bifurcations de l'Histoire sont les grands événements" (Ilya Prigogine, Prix Nobel de physique), on connaît bien mal, en général, la petite histoire, même moderne, de la communication par l'événement. 
A preuve le bref échange que j'ai eu récemment, sur Twitter, avec un twittos, qui attribuait un peu vite la paternité de cette forme de communication à André Citroën (créateur de l’aventure des grandes Croisières Citroën et génial communicateur, il est vrai). “En 1922, écrivait-il, André Citroën fit dessiner le mot Citroën dans le ciel avec des avions. La communication événementielle était née.” Ajoutant #onarieninventé en guise de mot-clé, ce à quoi il aurait pu associer l’image des 250.000 ampoules de la publicité Citroën sur la tour Eiffel en 1925. Voici ma réponse, anticipant la question qui allait m’être posée par Evenementor: "l'événement est-il un média jeune?". Evidemment non. 
Ce n'est ni une invention française, la fierté nationale dût-elle en souffrir,  ni une technique médiatique récente. Et croire le contraire serait à la fois infondé, erroné, prétentieux et sot.
C'est en fait un média vieux comme le monde, du moins comme les jeux du cirque romain, serais-je tenté de dire. Si pas les Olympiades antiques, les Fêtes Dionysiaques ou les Bacchanales.
Et si son usage moderne doit être attribué à quelqu'un, ce serait davantage à un Américain comme Phineas Barnum, le roi du cirque au XIXe s. "Toujours conscient de l’impact de la publicité sur la foule, Barnum utilise tous les moyens de communication pour faire valoir des curiosités", lit-on sur Wikipedia. 
Son nom même exprime tapage, désordre : “Quel barnum!”.
On pourrait citer aussi le fameux William "Buffalo Bill" Cody. Et l'épisode, authentique, de la diligence en folie, en plein Paris.
Il eut lieu lors de la parade dominicale du Wild West Show au Champ-de-Mars en 1905,  devant une foule déjà blasée, relativement indifférente à ce spectacle. 
Jusqu'à ce que les chevaux de la diligence, effrayés par un bruit quelconque, se lancent au galop vers les rangs affolés des badauds parisiens.
Ceux-ci ne durent la vie qu'au courage et à la présence d'esprit du légendaire Buffalo Bill en personne, qui stoppa en pleine course les chevaux emballés. 
Le héros du cirque fit la une de tous les journaux le lendemain… 
Il s'avéra bien plus tard que ce spectaculaire incident n'était qu'un coup monté, improvisé  par le Colonel Bill Cody pour attirer l'attention sur son show équestre. La communication événementielle avait trouvé son modèle. (JD)