Benghazi-Srebrenica: causes communes?

Pour diffusion extra large et urgente
Au vu de l'urgence humanitaire et afin de faciliter la diffusion de ce message vers la blogosphère et les réseaux sociaux, Twitter en particulier, ce blog reproduit, tel que ce jeudi 17 mars en fin de journée, un courriel émanant des quatre signataires ci-dessous et auquel il ne peut que souscrire humainement.  Jacky Degueldre. 
 
Benghazi-Srebrenica: causes communes? 

Le printemps arabe est une chance historique pour les Européens. Une porte ouverte sur le dialogue des civilisations, la réconciliation des deux rives de la Méditerranée, le dépassement des drames de la colonisation et des décolonisations, l’espoir d’un monde plus démocratique et plus prospère. L’Europe doit aujourd’hui à cette révolution du sud le même soutien qu’elle a donné hier à celle des pays de l’est. Il n’en va pas seulement de son avenir, il en va de son être même.

En Lybie, Kadhafi a répondu à la révolution par la guerre. Il y a trois semaines déjà , il a déclaré dans une allocution télévisée qu'il allait “commencer le travail”. Sa détermination était limpide. Aujourd’hui, le travail est presque terminé, nous n’avons rien fait, et, si rien ne change, on parlera bientôt de Benghazi comme de Srebrenica, ville martyre qui vit des milliers d’habitants  décimés par les forces serbes, malgré la présence de troupes de l'ONU.

Laisserons-nous cette honte se reproduire ? Laisserons-nous massacrer les femmes, les enfants et les hommes de Benghazi pour s'être érigés en symbole des valeurs de liberté et de démocratie que nous voulons pourtant universelles ?

S’il n’est pas contredit dans les heures qui viennent, l’attentisme, sinon la lâcheté des Européens – à l’exception de la France et de la Grande Bretagne- aura révélé notre incapacité à penser notre solidarité avec les peuples arabes autrement que par des propos de salon. Et enterré le projet européen construit sur le « plus jamais ça » et l’idéal des Droits de l’Homme.

La réticence européenne et américaine à se mobiliser, pèsera lourd dans les relations Nord Sud, pour une génération entière. Déjà aujourd’hui, les leaders africains dont l'élection est contestée, comme Gbagbo en Cote d'Ivoire, n'ont aucune raison de s'inquiéter pour leur pérennité. Notre passivité envers Kadhafi leur donne chaque jour davantage raison. Ce qui se passera demain en Lybie sera un signal pour tous les démocrates des pays arabes et du continent africain qui espèrent des jours meilleurs et se réjouissent des exemples tunisien et égyptien.  Notre responsabilité est immense.

S’il n’est pas déjà trop tard, il est plus que temps.


Michel Gheude, Paul Hermant, Luckas Vander Taelen, Serge Bailly, Marc Ernst.