Une fois n'est pas coutume, je mets en ligne un commentaire - alors que moi-même, paradoxalement, je ne les sollicite pas - au sujet d'un intéressant article que vient de publier le blogueur Pierre Fraser. Sous le label de sa Théorie des Tendances, il tient une chronique vivifiante pour l'esprit et prépare un livre qui le sera sûrement aussi.
A découvrir à l'adresse: http://theoriedestendances.com/2010/06/02/blogue-chronique-dune-mort-annoncee/
Voilà ce qu'il en dit d'emblée: "Le titre peut vous paraître hérétique ou bien une apostasie envers la foi de l'expression démocratisée pour tous sur le Web. Avec un tel titre, j'entends déjà les gourous du Web crier haro sur le baudet ! Il est certain que mon titre soulèvera des débats, et c'est le but que je vise."
A découvrir à l'adresse: http://theoriedestendances.com/2010/06/02/blogue-chronique-dune-mort-annoncee/
Voilà ce qu'il en dit d'emblée: "Le titre peut vous paraître hérétique ou bien une apostasie envers la foi de l'expression démocratisée pour tous sur le Web. Avec un tel titre, j'entends déjà les gourous du Web crier haro sur le baudet ! Il est certain que mon titre soulèvera des débats, et c'est le but que je vise."
Et voici la réflexion introspective que m'a suggérée ce point de vue aimablement - et intelligemment - provocateur.
...
Bonjour Pierre. Et merci de donner à chacun(e) cette occasion de réfléchir, en toute humilité, et lucidité espérons-le, à l'existence et au pourquoi des blogs.
Pourquoi ai-je créé mon blog? Pourquoi me suis-je donné cette peine, il y a cinq mois seulement, après des années d'internautisme assidu, sans parler de quarante ans de pratique du journalisme écrit, de l'information multimédia et de la communication (événementielle-que J.J. Rousseau eût nommée "éventive")?
Pourquoi ai-je créé mon blog? Pourquoi me suis-je donné cette peine, il y a cinq mois seulement, après des années d'internautisme assidu, sans parler de quarante ans de pratique du journalisme écrit, de l'information multimédia et de la communication (événementielle-que J.J. Rousseau eût nommée "éventive")?
Par pur intérêt égocentrique, souci narcissique de parler, sinon faire parler, de soi? Sans doute. René Char disait joliment: "le poète doit laisser des traces, non des preuves, seules les traces comptent." Vanitas vanitatis...
Ou encore, parce que, bon ou mauvais écrivain, comme le dit ci-dessus Yves Deligne, je sais que je n'ai pratiquement aucune chance d'être publié et diffusé? Peut-être...
J'observe quand même que, lorsqu'il me semble utile ou possible qu'un mien article soit diffusé, il m'est loisible de faire le nécessaire pour y parvenir. Ce qui arrive régulièrement: cf. un article posté d'abord sur mon blog le 28 février sous le titre un peu hermétique "Catastrophique Belgique: les disjoncteurs décisionnels" et publié le 5 mars 2010 par le quotidien La Libre Belgique, qui n'a retenu en titre -évidemment - que le "Catastrophique Belgique", plus racoleur. En fait, je n'ai jamais eu besoin de blog pour publier.
Alors, pourquoi m'être décidé sur le tard à passer à l'interaction blogueuse?
Parce que c'est un échange potentiel avec l'Autre, un acte de partage d'idées comme l'est le présent acte de conversation. Un acte de foi, surtout, en la "bonne intelligence", au sens étymologique du terme, qui peut 'virtuellement' (virtus: qualités, vigueur morale, énergie!) réunir plus que jamais des êtres pensants par-delà les distances. "Intellegentes", disait Cicéron, discernant (inter-legere) ainsi les 'connaisseurs'.
Je me souviens avoir entendu le philosophe Michel Serres, venu à Bruxelles, oser un rapprochement radical - auquel je souscris - entre 'legere', ramasser, choisir, (é)lire, et 'ligare', attacher, lier, unir, joindre. Ce qu'il fait aboutir, ai-je noté, à son concept d'hominescence, finalité de l'universalisation des réseaux ("le partage des civilisations par la connaissance de l'autre et l'échange des cultures").
Moi-même, discutant récemment de cette même question liée aux avancées des sciences cognitives, j'ai commis par un heureux accident de langue un autre néologisme, que j'aimerais proposer comme finalité - ou alternative - à la blogosphère: l'harmosphère.
Qu'en cinq mois à peine, un peu plus de six cents personnes de par le monde, francophone voire anglophone, aient jugé intéressant, utile, distrayant ou simplement plaisant à leur curiosité, de venir faire un tour, un détour ou un retour sur le blog que je m'efforce de maintenir régulièrement en ligne, voilà qui suffit à mon bonheur de blogueur.
Dans le flux interactif dont vous parlez, Pierre, dans ce maelström communicationnel qui nous submerge tous, qu'importe, à vrai dire, d'avoir six millions de lecteurs francophones, six cent mille abonnés à mon compte Twitter, et même six cents visiteurs semestriels sur mon blog? Qu'importe, pour peu que se dégage de tout cela une parfaite harmonie de pensée, ne serait-ce qu'entre les cinq ou six personnes, dont vous êtes, qui ont aujourd'hui cet échange...
Cordialement vôtre, J.D.